« Une Jeune Fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies et poésies nouvelles, Paris : Ladvocat, p. 98-103, 1825
« Une jeune Fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 89-96, 1830
« Une jeune Fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Une jeune fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 25-29, 1886
« Une jeune Fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 53-57, 1931
« Une jeune fille et sa mère », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 41, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Une jeune Fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 25-28, 1842
« Une jeune Fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 35-38, 1860
« Une Jeune Fille et sa Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre des Tendresses, Paris : Nilsson, p. 34-38, 1930
« Une jeune fille et sa mère », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 251-254, 1933
Traduction du poème :
anglais :
« Mother and Maiden », Harriet W. Preston, Charles Augustin Sainte-Beuve, Memoirs of Madame Desbordes-Valmore, p. 186-190, Boston : Roberts Brothers, 1873
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
UNE JEUNE FILLE ET SA MERE
La Jeune Fille
Ce jour si beau, ma mère, était-ce un jour de fête ?
La Mère
Quel jour ? dors-tu ? d’où vient que tu n’achèves pas ?
La Jeune Fille
C’est qu’en le rappelant, ma voix tremble et s’arrête ;
Je cesse d’en parler pour y penser tout bas...
Ce jour donnait des fleurs que je n’avais point vues ;
Mille parfums nouveaux sortaient des champs plus verts,
Et pour ces douceurs imprévues,
Les oiseaux plus nombreux inventaient des concerts ;
Le soleil répandait comme une autre lumière,
Il embrasait le ciel, il brûlait ma paupière,
Il éclairait ma vie avec d’autres couleurs...
La Mère
D’où vient qu’un si beau jour te fait verser des pleurs ?
D’où vient que de tes mains s’échappe ton ouvrage ?
La Jeune Fille
Ma mère, je languis, je n’ai plus de courage.
Si vous saviez mon mal, vous pourriez le guérir :
Forcez-moi de parler, car j’ai peur de mourir.
La Mère
Parle donc ! n’est-ce pas le jour de ta naissance ?
Car c’est la fête aussi du maternel séjour.
La Jeune Fille
Non. Je plaignais alors ceux quafflige l’absence ;
Et Daphnis, au hameau, n’était pas de retour.
La Mère
Daphnis ! Que fait Daphnis à la nature entière ?
De son père à la ville il conduit les troupeaux :
Il a déjà sans doute oublié sa chaumière.
La Jeune Fille
Non ! ma mère. C’est lui qui fait les jours si beaux !
La Mère
Je l’ai cru pour six mois absent de la contrée.
La Jeune Fille
Je le craignais aussi ; mais il m’a rencontrée.
Il arrivait tout seul, j’étais seule à mon tour :
Ma mère, quel bonheur ! Daphnis m’a dit bonjour.
La Mère
Et toi ?
La Jeune Fille
J’ai dit bonjour, car vous aimez son père.
Il a bien des vertus, n’est-il pas vrai, ma mère ?
La Mère
Et son fils ?
La Jeune Fille
On dirait que c’est son père enfant.
Ce bon vieillard se plaint de n’avoir point de fille :
"C’est une fleur, dit-il, qui pare une famille."
Alors, il me regarde et m’embrasse souvent.
La Mère
Et son fils ?
La Jeune Fille
Il soutient que l’absence est cruelle :
Je le savais ! il sait qu’on peut mourir par elle,
Qu’à chaque instant du jour il faut en soupirer,
Et qu’en chantant surtout on est près de pleurer.
"Dans mes ennuis, dit-il, j’ai fait une couronne ;
"Elle est fanée, hélas ! pourtant je te la donne."
Je l’ai sentie alors descendre sur mes yeux,
Et je n’y voyais plus ; mais sa voix est si tendre !
Et depuis si longtemps je n’avais pu l’entendre !
Et quand on n’y voit plus, ma mère, on entend mieux.
La Mère
Qu’a-t-il donc ajouté ?
La Jeune Fille
Que son cœur lui conseille
De quitter un vain bruit pour le calme des champs,
Pour nos danses du soir, nos fêtes, nos doux chants,
Pour retrouver ma voix qui manque à son oreille ;
Que son père le plaint et le fait revenir :
"Mais, a-t-il dit plus bas, que vais-je devenir ?
"Mon père te connaît, il sait donc que je t’aime ;
"Et moi, je ne sais pas si tu penses de même ?"
Je n’ai pu le lui dire avant de vous parler,
Ma mère, et j’ai senti qu’il fallait m’en aller.
La Mère
Tu l’as quitté ?
La Jeune Fille
J’étais tremblante,
Je ne pouvais courir. Une joie accablante
Me retenait toujours ; toujours je m’arrêtais.
La Mère
Et que répondais-tu ?
La Jeune Fille
Ma mère, j’écoutais.
Depuis, pour vous parler, je reste à la chaumière ;
Daphnis en vain m’attend, je pleure en vain tout bas ;
Je ne puis parler la première,
Et vous ne me devinez pas !
Je tremble auprès de lui ; je tremble ici de même :
Nos tourments ne sont pas finis !
Jamais je n’oserai vous dire que je l’aime...
La Mère
Eh bien ! je te permets de le dire à Daphnis.
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