Poème « Un nouveau-né »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Bien venu, mon enfant, mon jeune, mon doux hôte !… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

  • « Un Nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 13-18, 1839

Prépublications :

  • « Le Nouveau Né », Revue de Rouen, tome premier, Rouen : au bureau de la Revue de Rouen, p. 184-187, 1833
  • « Le Nouveau-né », Le Papillon : journal de l’entr’acte - littérature, arts, poésie, nouvelles, théatres, modes annonces, n° 128, Lyon, p. 2-3, 1833-09-21
  • « Le Nouveau-né », Le Mémorial de la Scarpe, 8e année, n° 118, 1833-10-01
  • « Le nouveau-né », Le Sélam, Morceaux choisis, inédits, de littérature contemporaire, Paris : F. Astoin, A. Levavasseur, p. 160-163, 1834
  • « Le nouveau-né », Le Rameau d’or, souvenirs de littérature contemporaine orné de 15 vignettes anglaises, Paris, Louis Janet, p. 226-229, 1835

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Un Nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 185-188, 1887
  • « Un nouveau-né », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 376, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres choisies de Marceline Desbordes-Valmore avec études et notices par Frédéric Loliée, Paris : Libairie Ch. Delagrave, p. 110-112, 1909
  • « Un Nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Les chefs d’œuvre lyriques de Marceline Desbordes-Valmore. Choix et notice de Auguste Dorchain, Paris : A. Perche, p. 34-36, 1909
  • « Un Nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 79-81, 1910
  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre du cœur. Collection des dames, Paris : Picart, p. 44-47, 1920
  • « Un nouveau-né (À Hippolyte) », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 125-127, 1923
  • « Un Nouveau-Né », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 230-233, 1928
  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes et proses [Préface et notes de Tony Taveau], Paris : Marcel Seheur, p. 111-113, 1928
  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 233-235, 1933
  • « Un nouveau-né (extrait) », Jeanine Moulin. Poètes d’aujourd’hui. Marceline Desbordes-Valmore, Paris : Seghers, p. 163-166, 1955
  • « Un nouveau-né. Extrait », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes choisis. Le Livre de Poche Jeunesse. Fleurs d’encre, Paris : Hachette jeunesse, p. 37-39, 1997
  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. L’Aurore en fuite. Poèmes choisis. Choix et préface par Christine Planté, Paris : Points, p. 95-97, 2010
  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Amori. Testo originale a fronte. A cura di Antonio Veneziani, Rome : Elliot, p. 110-114, 2014
  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Dossier par Virginie Belzgaou, Folio+ Lycée, Paris : Gallimard, 2021
  • « Un nouveau-né », Marceline Desbordes-Valmore. Des fleurs et des pleurs. Poésies choisies. Choix des poèmes par Yohann Ringuedé, Librio 3€, Paris : J’ai lu, p. 55-, 2023

Traductions du poème :

  • allemand :
    • « Ein Neugeborener », Gisela Etzel-Kühn, Stefan Zweig, Marceline Desbordes-Valmore : das Lebensbild einer Dichterin, p. 117, Leipzig : Inselverlag, 1927
  • italien :
    • « Il nuovo nato », Antonio Veneziani et Maria Borgese, Marceline Desbordes-Valmore. Ritratto di una poetessa, Roma : Castelvecchi, 2013
    • « Il nuovo nato », Antonio Veneziani et Maria Borgese, Marceline Desbordes-Valmore. Amori. Testo originale a fronte. A cura di Antonio Veneziani, p. 111-115, Roma : Elliot, 2014





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

UN NOUVEAU-NÉ

A HIPPOLYTE

  Bien venu, mon enfant, mon jeune, mon doux hôte !
  Depuis une heure au monde : oh ! que je t’attendais !
  Que j’achetais ta vie ! hélas ! Est-ce ta faute ?
  Oh ! non, ce n’est pas toi qu’en pleurant je grondais.
  Toi, ne souffrais-tu pas, même avant que de naître ?
  Ne m’as-tu pas aidée enfin à nous connaître ?
  Oui, tu souffrais aussi, petite ombre de moi,
  Enfant né de ma vie où je reste pour toi !
  Du jour, par mes regards, je t’allumai la flamme ;
  La nuit, je descendais au fond de ta prison ;
  Des mauvais souvenirs te sauvant le poison,
  J’aurais voulu te faire un ciel de ma pauvre âme !


  J’aurais voulu voir Dieu pour te créer plus beau ;
  Pour imbiber ton cœur de sa grâce profonde,
  Et pour faire couler un peu de son flambeau
  Sur ta raison aveugle à ton entrée au monde !

  Ne va pas l’oublier je t’ai parlé de Dieu ;
  Je t’ai fait de prière, enfant ! de tendres larmes ;
  J’ai formé ton oreille aux échos du saint lieu ;
  Je t’ai caché vivant à toutes nos alarmes,
  Et j’allais au soleil couchant sécher mes pleurs,
  Pour te rendre suave et pur comme les fleurs ;
  Ou dans les roseaux verts je t’emportais pensive,
  Pour t’abreuver du bruit de quelque source vive,
  Qui, m’ouvrant son cristal comme à l’oiseau plongeur,
  Sur notre double fièvre épanchait sa fraîcheur.

  Souviens-toi que souvent, seuls au fond d’une église,
  Nous regardions longtemps les anges aux fronts blancs,
  Que je t’y promenais invisible, à pas lents,
  Modelant leurs beaux traits sur ta forme indécise ;
  J’ai bien fait ! nul enfant n’a rapporté des cieux
  Tant de ciel inondant sa profonde paupière,
  Et l’on n’a vu jamais, d’un front si gracieux
  Jaillir tant de rayons de vie et de lumière.
  Qu’un si petit visage enferme de portraits !
  De tout ce que j’aimai tu m’offres quelques traits :
  Que d’anges envolés sans pouvoir les décrire,
  Dans ton sourire errant reviennent me sourire !

  Et je l’avais prédit, quand je sentais ton cœur
  Éclore et battre faible à mon flanc créateur,
  Quand mes heures veillaient autour de ta défense,
  Dans mon humble abandon qui m’eût fait une offense !
  Tout, c’était toi ! Mes yeux enfermés sous ma main
  N’ont appelé personne en ce monde inhumain,
  Personne ! pour calmer, pour soutenir ma tête
  Et dérober mon fruit au vent de la tempête :
  Oh ! mais, lorsqu’en ton nom je regardais les cieux,
  Ton sourire passait dans les pleurs de mes yeux :
  Dieu se montrait au loin sous cette ondée amère,
  Dieu dans ma pauvreté me laissait être mère,
  Et j’envoyais à Dieu mes baisers ou mes cris,
  Les doux cris d’une femme à qui Dieu donne un fils.

  Ton berceau, vide encor, peuplait ma solitude ;
  Un ange respirait par moi sa nuit, son jour ;
  J’y couvais son destin, j’en étais le séjour ! ...
  On ne meurt pas d’orgueil et de sollicitude !

  Aussi j’ai cru tomber faible sur mes genoux
  Quand on me leva seule et comme trop légère,
  Cherchant le poids aimé d’une tête si chère ;
  Car si près que tu sois l’air circule entre nous ;
  Adieu ! ... je ne suis plus l’heureuse chrysalide,
  Où l’âme de mon âme a palpité. neuf mois ;
  Mais à ta frêle fleur si j’ai servi d’égide,
  Homme un jour, reviens-y t’appuyer quelquefois.
  Je suis ta mère : un nœud nous a tenus ensemble ;
  C’est l’aimant divisé que l’aimant cherchera ;
  La terre ne rompt pas ce que le ciel assemble :
  Sous la vie, hors la vie, il nous réunira !
  Des femmes me l’ont dit : oui ! la femme étonnée,
  Quitte d’un doux fardeau vacille consternée ;
  Nous n’osons pas le dire et nous pleurons tout bas :
  Que de larmes l’enfant coûte à la mère ! hélas ;
  D’hier nous sommes deux ! Le souffle de ta bouche
  Se mêle à chaque souffle étranger qui te touche,
  Et je pleure et... pardon ! mon jeune bien venu !
  Au monde pour moi seule et du monde inconnu !


    Dieu d’amour ! Dieu des mères !
    Dieu des petits enfants !
    Sur nos routes amères,
    Où volent les chimères,
    Où pleurent les vivants,
    Dieu ! qui seul nous défends :

    La plante délaissée,
    Qui te regarde ici ;
    La colombe offensée
    Sous son aile blessée,
    Et moi qui parle ainsi,
    Tu nous aimes aussi !

    Ma mère était ta fille,
    Et ma mère pleura ;
    Mais le sort se dessille ;
    Ange de la famille,
    Au sort qui l’aimera,
    Mon enfant sourira.

  Qu’il te doive toujours, sauveur né d’une femme,
  Quelque songe d’en haut pour bercer sa jeune âme !

  Toi, cher petit dormeur, notre monde te plaît :
  Ton âme est toute blanche et n’a bu que du lait !
  Depuis si peu d’instants descendu sur la terre,
  Tes yeux nagent encor dans un divin mystère ;
  Tu revois la maison d’où tu viens, ton beau ciel,
  Et ton baiser qui s’ouvre en a gardé du miel !





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