Poème « Un ruisseau de la Scarpe »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Oui, j’avais des trésors... J’en ai plein ma mémoire,… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 65-68, 1860
  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 75-78, 1873

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 315-317, 1886
  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 523, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres choisies de Marceline Desbordes-Valmore avec études et notices par Frédéric Loliée, Paris : Libairie Ch. Delagrave, p. 171-173, 1909
  • « Un Ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 114-116, 1910
  • « Un Ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Idylles et élégies, Paris : Lemerre, p. 102-106, 1920
  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 199-202, 1923
  • « Un Ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 172-175, 1928
  • « Un Ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes et proses [Préface et notes de Tony Taveau], Paris : Marcel Seheur, p. 13-15, 1928
  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 77-79, 1933
  • « Un Ruisseau de la Scarpe », Jeanine Moulin. Poètes d’aujourd’hui. Marceline Desbordes-Valmore, Paris : Seghers, p. 129-? 1955
  • « Un Ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface de Alain Bosquet, Paris : Le livre club du libraire, p. 130-133, 1961
  • « Un Ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface et choix d’Yves Bonnefoy, Paris : Gallimard nrf, p. 197-199, 1983
  • « Un ruisseau de la Scarpe. Extrait », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes choisis. Le Livre de Poche Jeunesse. Fleurs d’encre, Paris : Hachette jeunesse, p. 105-106, 1997
  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. L’Aurore en fuite. Poèmes choisis. Choix et préface par Christine Planté, Paris : Points, p. 183-185, 2010
  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Comme à ténèbre, Le Serment de fidélité, collection La bibliothèque des impardonnables, Paris : Fario, p. 39-42, 2017
  • « Un ruisseau de la Scarpe », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Dossier par Virginie Belzgaou, Folio+ Lycée, Paris : Gallimard, 2021





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

UN RUISSEAU DE LA SCARPE

  Oui, j’avais des trésors... J’en ai plein ma mémoire,
  J’ai des banquets rêvés où l’orphelin va boire.
  Oh ! quel enfant des blés, le long des chemins verts,
  N’a dans ses jeux errants possédé l’univers ?

  Emmenez-moi, chemins ! ... Mais non, ce n’est plus l’heure,
  Il faudrait revenir en courant où l’on pleure,
  Sans avoir regardé jusqu’au fond le ruisseau
  Dont la vague mouilla l’osier de mon berceau.

  Il courait vers la Scarpe en traversant nos rues
  Qu’épurait la fraîcheur de ses ondes accrues,
  Et l’enfance aux longs cris saluait son retour
  Qui faisait déborder tous les puits d’alentour.

  Écoliers de ce temps, troupe alerte et bruyante,
  Où sont-ils vos présents jetés à l’eau fuyante ?
  Le livre ouvert, parfois vos souliers pour vaisseaux,
  Et vos petits jardins de mousse et d’arbrisseaux ?

  Air natal ! aliment de saveur sans seconde,
  Qui nourris tes enfants et les baise à la ronde ;
  Air natal imprégné des souffles de nos champs,
  Qui fais les cœurs pareils et pareils les penchants !

  Et la longue innocence, et le joyeux sourire
  Des nôtres, qui n’ont pas de plus beau livre à lire
  Que leur visage ouvert et leurs grands yeux d’azur,
  Et leur timbre profond d’où sort l’entretien sûr ! ...

  Depuis que j’ai quitté tes haleines bénies,
  Tes familles aux mains facilement unies,
  Je ne sais quoi d’amer à mon pain s’est mêlé,
  Et partout sur mon jour une larme a tremblé.

  Et je n’ai plus osé vivre à poitrine pleine
  Ni respirer tout l’air qu’il faut à mon haleine.
  On eût dit qu’un témoin s’y serait opposé...
  Vivre pour vivre, oh non ! je ne l’ai plus osé !

  Non ! le cher souvenir n’est qu’un cri de souffrance !
  Viens donc, toi, dont le cours peut traverser la France ;
  À ta molle clarté je livrerai mon front,
  Et dans tes flots du moins mes larmes se perdront.

  Viens ranimer le cœur séché de nostalgie,
  Le prendre et l’inonder d’une fraîche énergie.
  En sortant d’abreuver l’herbe de nos guérets,
  Viens> ne fût-ce qu’une heure, abreuver mes regrets !


  Amène avec ton bruit une de nos abeilles
  Dont l’essaim, quoique absent, bourdonne en mes oreilles ;
  Elle en parle toujours ! diront-ils... Mais, mon Dieu,
  Jeune, on a tant aimé ces parcelles de feu !

  Ces gouttes de soleil dans notre azur qui brille,
  Dansant sur le tableau lointain de la famille,
  Visiteuses des blés où logent tant de fleurs,
  Miel qui vole émané des célestes chaleurs !

  J’en ai tant vu passer dans l’enclos de mon père
  Qu’il en fourmille au fond de tout ce que j’espère,
  Sur toi dont l’eau rapide a délecté mes jours,
  Et m’a fait cette voix qui soupire toujours.

  Dans ce poignant amour que je m’efforce à rendre,
  Dont j’ai souffert longtemps avant de le comprendre,
  Comme d’un pâle enfant on berce le souci,
  Ruisseau, tu me rendrais ce qui me manque ici,

  Ton bruit sourd se mêlant au rouet de ma mère,
  Enlevant à son cœur quelque pensée amère,
  Quand pour nous le donner elle cherchait là-bas
  Un bonheur attardé qui ne revenait pas.

  Cette mère, à ta rive elle est assise encore ;
  La voilà qui me parle, ô mémoire sonore !
  Ô mes palais natals qu’on m’a fermés souvent !
  La voilà qui les rouvre à son heureux enfant !

  Je ressaisis sa robe, et ses mains, et son âme !
  Sur ma lèvre entr’ouverte elle répand sa flamme !
  Non ! par tout l’or du monde on ne me paîrait pas
  Ce souffle, ce ruisseau qui font trembler mes pas !





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